
Camille Girard Chanudet
pnzvyyr.tveneq-punahqrg@rurff.serf.ssehe@tedunahc-drarig.ellimacDoctoranteCentre d'étude des mouvements sociauxTitre de la thèse
- La fabrique sociale de l'intelligence artificielle. Concevoir et mettre en œuvre une justice prédictive
Présentation
Des nombreux domaines que l’intelligence artificielle (IA) promet de métamorphoser, la justice est sans doute l’un de ceux qui font apparaitre le plus clairement les enjeux soulevés par l’utilisation de cette technique. Loin des idéaux d’autonomie et de rationalité qui y sont souvent associés, les outils dits de « justice prédictive » prennent forme dans un espace social dense. Ils reposent en particulier sur la mobilisation de savoir-faire professionnels multiples (data science, ingénierie informatique, annotation, expertise juridique…), articulés à des infrastructures matérielles complexes (serveurs, réseaux, dispositifs de calcul). Parce qu’ils supposent la participation d’acteurs éloignés du système judiciaire – notamment issus des mondes de l’entreprenariat numérique et de la technique –, et que les logiques probabilistes qui les sous-tendent sont étrangers aux modes de raisonnement juridiques traditionnels, ces instruments sont susceptibles de bousculer les équilibres structurants de ce secteur régalien. Procédures, pratiques, responsabilités et compétences sont confrontés à de possibles reconfigurations au contact de l’IA juridique.
Cette thèse étudie les modalités de conception de ces outils et les enjeux associés à leur mise en œuvre à partir d’une méthodologie plurielle. Elle tire en particulier profit d’une enquête ethnographique menée au sein d’une équipe pluridisciplinaire de conception d’IA constituée au sein de la Cour de Cassation, juridiction suprême française – à laquelle s’ajoutent une série d’entretiens avec l’ensemble des acteurs du secteur (justice, legal tech, édition juridique, modernisation de l’action publique, assurance) ainsi que des études de corpus documentaires (presse, répertoires de code, textes juridiques).
En proposant d’étudier cet objet technique à la lumière du cadre social qui lui donne vie et qu’il impacte en retour, ce projet vise à introduire du jeu dans la réalité qui se prend corps autour de l’IA. Il s’agit, ce faisant, de contribuer à la construction d’une connaissance critique permettant d’accompagner les évolutions que le secteur de la justice est amené à connaître au contact de cette technique.
Mots-clés : justice, données, algorithmes, intelligence artificielle, sts, infrastructure, travail
Publications scientifiques
♦ « Le travail de l’Intelligence Artificielle : Concevoir et entrainer un outil de pseudonymisation automatique à la Cour de Cassation », RESET, n°12 (à paraitre 01/2022)
♦ « À l’ombre des rencontres : la fabrique des données personnelles sur OkCupid », Les Cahiers du Numérique, vol.17, n°1-2, 2021, p 45-69.
Publications pour le Laboratoire d’Innovation Numérique de la CNIL (LINC)
♦ Donner à voir l’invisible : artistes, création et données personnelles, 2022
♦ Apps de rencontre et données personnelles : « c’est un match ! », 2021
♦ « Les chiffres ne mentent pas » : mythe d’objectivité et construction des données (Série le travail des données 1/3), 2020
♦ Penser les données : les architectes du big data (Série le travail des données 2/3), 2020
♦ Façonner les données : le travail à la chaine du numérique (Série le travail des données 3/3), 2020
♦ Parce que je le vaux bien ? Enjeux éthiques et juridiques du marketing émotionnel, 2018
Communications
→ Communications dans des journées d’études et colloques
♦ 2022. « Displacing expertise through AI: designing a machine learning algorithm at the French Supreme Court of justice », 4S Conference (Society for the Social Study of Science), panel 132, Cholula, Mexique.
♦ 2022. « Faire l’open data judiciaire grâce aux ‘Entrepreneurs d’Intérêt Général’ : une ethnographie de la mise en œuvre du projet JUDILIBRE à la Cour de Cassation », Congrès de l’AFSP, ST 8 « De l’État-plateforme à la plateformisation de l’action publique : de quoi les plateformes publiques sont-elles le nom ? ».
♦ 2022. « Construire une plateforme de l’open data jurisprudentiel : la Cour de Cassation, au cœur de la ‘transformation’ de l’action publique », Journée d’Étude des doctorant.es du CEMS, EHESS.
♦ 2022. « “Modernizing” the French judicial system through AI: a case study », AI and the digitized society, Mid-term workshop, RN24 (sociology of science and technology network) of the European sociological association, University of Helsinki, Finlande.
♦ 2022. « Jurisprudence et open data : penser les décisions de justice au prisme des STS », Journée d’Étude doctorale du RT13, AFS, Université Paris-Dauphine.
♦ 2021. « Petites mains et cerveaux multiples de l’intelligence artificielle. Une ethnographie du travail de conception d’un outil de pseudonymisation automatique à la Cour de Cassation », Journée d’Étude des doctorant.es du CEMS, EHESS.
♦ 2021. « Petites mains et cerveaux multiples de l’intelligence artificielle. Une ethnographie du travail de conception d’un outil de pseudonymisation automatique à la Cour de Cassation », Panel « Justice, algorithmes et intelligence artificielle », Groupe Normes et Justice, AFSP.
♦ 2021. « Des fictions très réelles : répertoires normatifs fictionnels et développement contemporain d'algorithmes de "justice prédictive" », colloque international IA fictions, ENS & Paris 3.
Activités pédagogiques
→ Charges de cours
♦ 2021 Introduction à la sociologie
(TD – CM Catherine Leclercq) Sciences Po, 1ère année 48h
♦ 2021 Grandes enquêtes en sociologie
(TD – CM Jérôme Pélisse) Sciences Po, 2ème année 24h
♦ 2021 Sociologie du droit et de la justice
(Avec Vincent-Arnaud Chappe) NCEP Nanterre, 2ème année 10h
♦ 2022 Sociologie du droit et de la justice
(Avec Vincent-Arnaud Chappe) NCEP Nanterre, 2ème année 10h
♦ 2022 Cultures numériques
(TD – CM Dominique Cardon) Sciences Po, 2ème année 48h
→ Interventions dans des séminaires
♦ 2022. « Sortir les décisions des tribunaux : l’instauration des données de l’IA juridique », Séminaire sciences sociales et intelligence artificielle, EHESS.
♦ 2021. « Petites mains et cerveaux multiples de l’IA », séminaire appropriations sociales du numérique, Irène Bastard & Valérie Beaudouin, EHESS.
♦ 2021. « Les bruits et les gestes de l’IA. Une ethnographie des « petites mains » de la pseudonymisation juridique », EIT Art et Intelligences du silence, EHESS.
Activités complémentaires de recherche / gestion de projets
♦ Membre fondatrice de topo•lex, « site contributif pour enquêter les réalités matérielles du droit » (www.topolex.fr) – Avec Vincent-Arnaud Chappe et Jean-Marc Weller
♦ Comité d’organisation des journées d’études « Les sciences sociales face à l’intelligence artificielle » (EHESS, octobre 2022)
♦ Coordinatrice du réseau de relecture interdoctorant.es EHESS (2020-2022)
Membre du PRI IA de l’EHESS
Responsabilités universitaires / animation
♦ Représentante des doctorant.es du CEMS (2019-2021)
♦ Comité d’organisation de la journée d’étude des doctorant.es du CEMS 2020 et 2021
♦ Co-responsable du séminaire du CEMS (2022-2023)