Camille Girard Chanudet

pnzvyyr.tveneq-punahqrg@rurff.serf.ssehe@tedunahc-drarig.ellimac

Jeune docteureCentre d'étude des mouvements sociaux

Titre de la thèse

La justice algorithmique en chantier : sociologie du travail et des infrastructures de l'intelligence artificielle.

Thèse réalisée sous la direction de Nicolas Dodier et Valérie Beaudouin
Soutenue le 4 décembre 2023

Jury : Laurent Willemez (Président), Jérôme Denis (rapporteur), Gwenaële Rot (rapportrice), Francesca Musiani

Manuscrit accessible en ligne : https://hal.science/tel-04398889

Résumé de la thèse

Autour de 2016 apparaissent, en France, les premiers algorithmes d’apprentissage automatique orientés vers le traitement des décisions de justice mises en open data. À partir d’une enquête empirique alliant ethnographies, entretiens et analyse de matériau documentaire, cette recherche entre dans les coulisses du chantier de l’intelligence artificielle (IA) juridique, pour mieux analyser les ressorts et implications sociales du développement de ces outils fortement controversés.

Elle suit d’abord la trajectoire de ces objets techniques, ainsi que des représentations et tensions qui les accompagnent, depuis le monde de l’entreprenariat numérique jusqu’aux portes des tribunaux ; elle met en évidence, ce faisant, les requalifications successives du « concept-frontière » d’IA, qui agrège autour de lui, en fonction des sens et des finalités qui y sont associés, des configurations plurielles d’acteurs.

La thèse plonge ensuite dans les infrastructures informationnelles qui constituent le cœur du dispositif de l’IA juridique : elle s’intéresse aux données qui servent de fondement aux algorithmes d’apprentissage automatique et aux processus de requalification, centralisation, formatage et mise en circulation auxquels elles sont soumises pour permettre l’entrainement des modèles.

La thèse documente enfin le travail de conception l’IA, à partir d’une ethnographie conduite au sein d’une équipe pluridisciplinaire constituée à la Cour de Cassation : elle montre la façon dont les activités de traduction, d’articulation, de négociation et les choix opérés par des acteurs aux expertises hétérogènes façonnent progressivement le dispositif algorithmique.

À chaque niveau, cette recherche met en évidence la dimension intrinsèquement sociale de l’IA. Elle souligne les processus d’hybridation d’expertises techno-juridiques se produisant au contact de l’IA, qui contribuent à renforcer des lignes de fracture au sein des mondes traditionnels du droit, entre élites et professionnel·les de terrain.

Mots-clés : justice, données, algorithmes, intelligence artificielle, sts, infrastructure, travail

Principales publications scientifiques

Autres publications

 

Interventions dans la presse et les médias

 

Activités complémentaires de recherche / gestion de projets

  • Membre du groupe de travail ETNA – Ethnographie des Algorithmes
  • Membre fondatrice de topo•lex, « site contributif pour enquêter les réalités matérielles du droit » (www.topolex.fr) – Avec Vincent-Arnaud Chappe et Jean-Marc Weller
  • Membre fondatrice de l’Observatoire des Algorithmes Publics (www.odap.fr) – Avec Soizic Pénicaud et Estelle Hary
  • Comité d’organisation des journées d’études « Les sciences sociales face à l’intelligence artificielle » (EHESS, octobre 2022)
  • Coordinatrice du réseau de relecture interdoctorant.es EHESS (2020-2022)
  • Co-responsable du séminaire du CEMS (2022-2023)

Activités pédagogiques

Prise en charge de divers enseignements (introduction à la sociologie, grandes enquêtes en sociologie, sociologie du droit et de la justice, cultures numériques) à Sciences Po et l’Université de Nanterre.

 

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