Les moments kabyles de l’anthropologie politique – couverture
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Les moments kabyles de l’anthropologie politique

République, droit et citoyenneté au village XIXe-XXIe siècle

Auteur(s) Alain Mahé
Lien(s) externe(s) Editions Bouchene
ISBN 13 366 pages.

Entre toutes les sociétés sur lesquelles l’anthropologie de la période coloniale a jeté son exclusive, la société kabyle est très tôt devenue une référence obligée. Elle a servi à l’appui de toutes les modélisations théoriques de l’École sociologique française et des sciences sociales qui se sont succédées et opposées depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours : depuis les écrits d’Émile Durkheim jusqu’à ceux de Pierre Bourdieu, en passant par ceux de Marcel Mauss, René Maunier, Jacques Berque et Ernest Gellner.

La première partie de l’ouvrage, consacrée à ces grands textes de sciences sociales, propose une histoire des principaux paradigmes de l’anthropologie politique : depuis l’opposition entre sociétés à contrat et sociétés à statut sur laquelle se fonde la théorie segmentaire, à la question de savoir comment un ordre politique est maintenu dans des sociétés sans État, sans oublier l’opposition entre la vengeance et le droit. Autrement dit, ces Lectures proposées par Alain Mahé ne sont rien moins qu’une histoire de l’anthropologie politique et juridique au prisme de la Kabylie. La seconde partie de cet ouvrage est consacrée aux Enquêtes ethnographiques réalisées par l’auteur en Kabylie entre 1980 et 2010. Etayée par de minutieuses descriptions ethnographiques de l’activité des assemblées de villages, l’interprétation qu’en propose Alain Mahé est évidemment irriguée par la critique des positions théoriques livrée dans la première partie de l’ouvrage. Nous y voyons, notamment, comment – à rebours de l’hypothèse segmentaire – l’activité proprement politique et juridique des assemblées de villages concourt à faire de l’assemblée villageoise le foyer de la légitimité politique, garant d’un véritable espace public. La façon dont ces assemblées ont été à l’origine des coordinations et des mobilisations du mouvement citoyen de 2001 reste sans aucun doute la meilleure preuve de la vigueur – et de l’avenir ! – de la culture politique démocratique et des savoir-faire organisationnels que l’institution villageoise ménage dans un pays soumis à un régime dictatorial.

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