Soutenance de Constance Perrin-Joly

Thèse préparée sous la direction d’Anne-Marie Guillemard et soutenue par Constance Perrin-Joly le 9 décembre 2009, à l’EHESS. Mention très honorable et félicitations du jury à l’unanimité.

Titre de la thèse

« Être du métier de génération en génération. Les échanges intergénérationnels dans une entreprise de transport face au défi de l'allongement de la vie active »

Membres du jury

  • Monsieur Paul Bernard, professeur université de Montréal (rapporteur)
  • Monsieur Marc Bessin, chargé de recherche CNRS
  • Monsieur Jean-Pierre Durand, professeur de sociologie université d'Évry
  • Monsieur Jérôme Gautié, professeur université de Paris1 Panthéon-Sorbonne (rapporteur)
  • Madame Anne-Marie Guillemard, professeur université Paris-Descartes (directrice de thèse)
  • Monsieur Jean-Michel Morin, maître de conférences en sociologie - HDR université Paris-Descartes-CERLIS

Présentation/Résumé de la thèse

Analysant les sources du topos du conflit de génération, la thèse propose une définition de la génération inspirée des travaux de Karl Mannheim (1921), plus proche de la conception même des acteurs et qui permet de rendre compte de leurs relations au travail. La génération est le résultat de plusieurs socialisations professionnelles. Elle se caractérise par une position dans un espace-temps, et ne peut fonder un déterminisme identitaire ni passé, ni futur. En revanche, le rapport au temps est largement influencé par la position sur le cycle de vie professionnel et le passage à une société pré-figurative (Mead, 1969) qui pose la question de ce que les générations peuvent encore échanger, l'écart entre l'horizon d'attente des unes et le champs d'expérience des autres se creusant (Koselleck, 1990).

Dans l'entreprise de transport étudiée, cohabitent ainsi trois générations professionnelles, chacune ayant sa propre conception de la manière de faire du transport. L'ancienne direction s'identifie à un modèle arbitraire de direction des hommes alors que les nouveaux dirigeants adoptent une perspective gestionnaire, plus en phase avec les nouvelles contraintes légales et commerciales que subissent les transporteurs. Au niveau local, perdure une identité de métier fondée sur la culture de l'urgence et le sens du service. Ces générations ont forgé différents horizons d'attente qui sont remis en question par l'allongement de la vie active, l'évolution des métiers dans le transport, la déstabilisation du marché interne dans l'entreprise et l'émergence d'une gestion par les compétences, pour partie conséquences de l'instauration d'une logique gestionnaire. Les « nouvelles générations locales » doivent donc se composer des filières de carrières innovantes entre héritage des anciennes générations et adaptation aux normes gestionnaires.

Pourtant, la coopération si elle éclaire difficilement les carrières reste essentielle dans la pratique professionnelle. Les modalités de cette coopération sont alors fonction du degré de formalisation du métier, c'est-à-dire de la manière dont il a été régulé tant par l'organisation que par des obligations politiques ou économiques. L'incertitude qui pèse sur la carrière et le métier joue un rôle de révélateur de mécanismes d'échange sinon implicites, mais participe également à une sélection des donataires, quand la coopération permet d'assurer la pérennité d'une certaine idée du métier ou de l'entreprise. En définitive la coopération se traduit non pas par la transmission mais bien par une co-construction de l'activité.