Soutenance de David LeDuc Tiaha

Thèse de doctorat dirigée par Johann Michel et soutenue par David LeDuc Tiaha le 1er décembre 2012 à l’EHESS.

Titre de la thèse

« Altérité intime du soi. Sur la phénoménologie de l'agir et du pâtir de Paul Ricœur ».

Membres du jury

  • M. Olivier Abel (Professeur de philosophie à l'Institut Protestant de Théologie de Paris, chercheur rattaché CRAL-EHESS-Fonds Ricœur)
  • M. Jean Greisch (Professeur de la chaire Romano Guardini à l'Université Humboldt de Berlin, enseignant-chercheur attaché au CNRS-Archives Husserl)
  • M. Jérôme Porée (Professeur agrégé à l'Université de Rennes 1)
  • M. Claude ROMANO (Maître de conférences HDR à l'Université de Paris IV-Sorbonne )
  • M. Johann Michel (Professeur des Universités à l'Université de Poitiers, chercheur rattaché EHESS, Membre de l'Institut Universitaire de France, Directeur de thèse)
  • M. Jérôme de Gramont (Maître de conférences HDR à l'Institut Catholique de Paris, Co-Directeur)

Présentation/Résumé de la thèse

Il y a dans l'œuvre philosophique de Paul Ricœurune véritable réappropriation des catégories ontologiques du même et de l'autre chez Platon, d'une part et, d'autre part, de celles de l'acte et de la puissance chez Aristote, déployée dans une dialectique de l'agir et du pâtir en dialogue avec les sciences humaines et sociales par les biais méthodologiques de la phénoménologie et de l'herméneutique. En définissant le cadre philosophique pour penser l'altérité intime du soi, selon le lexique de Soi-même comme un autre, encore appelée l'intra-subjectivité du corps propre dans Le Volontaire et l'Involontaire, les délimitations méthodologiques des problèmes du transcendantal et de la transcendance procèdent à une désubjectivation du transcendantal afin de se défaire des apories d'une métaphysique de la substance pour laquelle l'onto-théologie et l'onto-cosmologie peuvent être encore pensées comme fondatrices de la subjectivité humaine. L'échec d'une poétique de la Transcendance semble justifier chez Paul Ricœur la réserve d'usage de la notion d'ousia comme point focal de l'unité des significations de l'être. Les méandres de la confrontation méthodique entre le criticisme de Kant, la phénoménologie de Husserl et les philosophies analytiques organisent le procès de désubstantialisation de la subjectivité d'une part et, d'autre part, explicitent les modalités du rapport intentionnel – représentation et affection – du sujet au corps, au temps et au langage comme des figures d'altérité intime constitutives du soi implicites à l'intersubjectivité et à la socialité.

Cette double destitution – c'est-à-dire la désubjectivation du transcendantal et la désubstantialisation du sujet – met en évidence un soi, comme subjectivité corporelle, articulé autour de la dialectique du même et de l'autre et de la dialectique de l'acte et de la puissance. Dans cette dialectique de l'agir et du pâtir, le soi est à la fois agent faisant arriver quelque chose (action d'événement), et patient à qui arrive quelque chose (événement d’occurrence). Par-delà tout naturalisme vital et tout constructivisme social, la synthèse existentielle de la réflexivité intentionnelle du vouloir et de l'affectivité de l'existence corporelle, tendue entre les ontologies de la métaphysique et les sciences humaines et sociales, donne à lire des paradoxes ontologiques du corps propre entre praxis et pathos. L'articulation constitutive de l'ipséité entre l'imagination et la mémoire achève notre enquête sur l'ontologie du soi. La mémoire vive de soi se révèle être le point d'articulation passif et actif des altérités corporelle, temporelle et langagière. Les formes discursives telles que la métaphore et le récit proposent d'autres manières d'éprouver et de faire le monde de la vie articulé à la problématique des icônes avec des concepts de phénoménologie herméneutique d'icône verbale métaphorique et de représentance narrative. Ainsi La Métaphore vive, Du texte à l'action et Temps et Récit III fournissent des outils conceptuels pour penser, sous ces formes discursives, le monde vécu du sujet de représentations, de souvenirs et de fictions comme des modalités de compréhension de soi.

Concepts-clés

Acte, Affectivité, Altérité, Chair, Corps propre, Désubjectivation, Désubstantialisation, Langage, Événement, Espace, Herméneutique, Icône (Eikôn), Imagination, Intentionnalité, Ipséité, Mêmeté, Mémoire, Monde de la vie, Ontologie, Passivité, Phénoménologie, Puissance, Représentance, Structure, Sujet, Temps, Trace (Tupos), Transcendance, Transcendantal.