Soutenance de Georges Goma-Gassika

Thèse de doctorat dirigée par Anne-Marie Guillemard et soutenue par Georges Goma-Gossika en 17 décembre 2002 en Sorbonne.

Titre de la thèse

« Grande vieillesse et prise en charge à domicile. Essai de sociologie compréhensive et interactionniste ». 

Présentation de la thèse (en français)

La thèse a comme objet d’étude principal la prise en charge à domicile des personnes âgées en situation de besoin d’aide quotidienne. C’est une réflexion sur une problématique de la reconstruction du lien social dans la grande vieillesse à travers une perspective interactionniste et une méthodologie qualitative pour mieux comprendre les déterminants sociaux et individuels  du « vieillir » dans une optique de prise en charge. Un essai de sociologie dynamique de la vieillesse qui reconstruit donc le « monde social de la grande vieillesse » à travers le jeu d’acteurs de l’intervention sociale à domicile. L’analyse très fine des configurations et des processus d’aide a abouti à la mise en évidence de la thèse centrale selon laquelle « les personnes en situation de besoin d’aide quotidienne, même très âgées, ne sont pas simple objet de prise en charge. Elles sont, au contraire, sujets et acteurs dotées de compétence sociale dans le processus global de leur prise en charge ». Une perspective d’approfondissement est mise en orbite en termes de « recherche, à un niveau plus large, des formes élémentaires de la vie quotidienne du vieillard ». L’intérêt de ce sujet est à apprécier à l’expression des évolutions démographiques qui, sur un plan tout à fait mathématique, consacrent un vieillissement inédit de la société occidentale. Deux ans d’enquête de terrain ont été nécessaires pour bien apprécier les processus et mécanismes de prise en charge individuels, sociaux et institutionnels. L’analyse transversale des configurations interactionnelles d’aide et de soins à domicile (onze au total) a permis de comprendre la complexité du « vieillir » sous quatre angles. L’angle de la reconstruction identitaire : le vieillard use d’une compétence sociale pour recréer son monde social au travers de ses interactions avec les professionnels de l’intervention sociale et les autres acteurs (famille, amis, bénévoles, etc.). L’angle de la pertinence des liens sociaux intersubjectivés :  le sens de la grande vieillesse fragile et, de ce fait, vulnérable se saisit aussi par la maîtrise des facultés d’intuition par delà la rationalité normative. L’angle des cadres symboliques de la vie quotidienne du vieillard : l’expression des émotions, les nouvelles formes de sociabilité qui se construisent en situation d’aide deviennent des déterminants centraux de son champ existentiel. Enfin, sous l’angle de la phénoménologie du temps : le temps objectif de la pratique quotidienne de la vieillesse et de ses mécanismes sociaux de prise en charge et le temps subjectif, le temps apparaissant (Cf. Paul Ricœur) à la conscience intime du vieillard qui, tantôt se penche vers son passé le plus éloigné, tantôt vers un futur plutôt proche dans la perspective d’une mort certaine.

Mots clés

acteur, anthropologie du domicile, configuration, constructivisme, interaction, intersubjectivité, intervention sociale, lien social,  mondes sociaux, norme institutionnelle, processus social, situation, sujet âgé.

Présentation de la thèse (en anglais)

The generations of elderly people; in need of daisy assistance are not simply objects to be taken into care. On the contrary, they are players among the other players, with a role in their own entitlement to care. And to home care, which appears to us a complex social and symbolic dynamic. This complexity is the expression of three major aspects of the process of understanding extreme old age and the social mechanisms of its care : language, rationality and identity. Language, the medium of social and interpersonal communication, is a structural element which shapes the action of caring as well as the serial debate on old age and ageing, and on their effects in terms of "dependency". Consequently, communication can be a factor for change in mentalities and practices in the understanding and management of extreme old age. As for rationality, the echo of social normaty. It also acts as the test of conduct sometimes perceived as irrational in the experience of situations concerning old age. It is the  source of the emergence and strengthening of the ethical debate regarding social action, on the one hand and on the content of the identity of the old person, on the other hand. This identity, and the mechanisms of its reconstructicn in old age, are renegotiated from an interwoven web of care actions in which the differentage groups, by their very intervention, renew the dialogue that social perceptions of old age and death have tended throughout history to disrupt.