Soutenance de Gérôme Truc

Thèse de doctorat soutenue par Gérôme Truc, sous la co-direction de Daniel Cefaï et Louis Quéré le 24 septembre 2014 à l'EHESS.

Titre de la thèse

♦ Le 11-Septembre européen.
La sensibilité morale des Européens à l’épreuve des attentats
du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 et du 7 juillet 2005

Membres du jury

♦ M. Daniel CEFAÏ, Directeur d’études, EHESS (co-directeur de thèse)

♦ M. Yves DELOYE, Professeur, IEP de Bordeaux (rapporteur)

♦ M. Jean-Louis FABIANI, Directeur d’études, EHESS

♦ Mme Marie-Claire LAVABRE, Directrice de recherche, CNRS (rapporteur)

♦ M. Louis QUERE, Directeur de recherche, CNRS (co-directeur de thèse)

♦ M. Etienne TASSIN, Professeur des universités, Université Paris-Diderot

Résumé de la thèse

Repartant des thèses classiques de Simmel, Durkheim et Elias, ce travail rend compte de la sensibilité morale des Européens au début du XXIe siècle, saisie au travers de leur réaction aux attentats du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 et du 7 juillet 2005. Nourri par une enquête de plusieurs années en France, aux États-Unis, à Madrid et à Londres, et par l’exploitation d’une grande diversité de matériaux empiriques dont, en particulier, un corpus inédit de plusieurs dizaines de milliers de messages de condoléances et de solidarité, il établit en quoi des individus ordinaires se sont sentis concernés par ces événements et ont compati au sort de leurs victimes. La première partie examine d’abord les opérations de cadrage médiatique et institutionnel dont ces attentats firent l’objet. Elle restitue de quelle manière « les Européens » ont pu former un sujet collectif en ayant eu une expérience spécifique sans que, pour autant, un sentiment de commune appartenance à l’Europe ne s’affermisse dans un deuil partagé. La seconde partie, portant l’analyse à une échelle individuelle, montre ainsi que la communauté de sentiments apparue en réaction aux attentats islamistes ne se laisse pas simplement rabattre sur un sentiment de communauté univoque. Elle met en évidence la formation de différents publics d’individus s’étant sentis concernés aussi bien par l’entremise d’un « nous », dont la nature et l’échelle varient, que sur un mode plus personnel, où le sens du « je » prime sur celui du « nous ». La troisième partie, enfin, explore le contraste entre la mémoire américaine du 11-Septembre et le quasi-oubli en Europe des attentats de Madrid et Londres, les principaux vecteurs dont procédèrent les publics du 11-Septembre européen n’ayant pas constitué des cadres d’une mémoire collective, a fortiori d’une mémoire européenne.