Soutenance de Muriel Mille

Thèse de doctorat dirigée par Sabine Chalvon-Demersay et soutenue par Muriel Mille le 17 avril 2013 à l’EHESS.

Titre de la thèse

« Produire de la fiction à la chaîne : Sociologie du travail de fabrication d’un feuilleton télévisé ».

Membres du jury

  • Sabine Chalvon-Demersay, Directrice d’études à l’EHESS, directrice de la thèse
  • Eric Darras, Professeur de science politique à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse
  • Christine Détrez, Maître de conférences en sociologie HDR à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, rapporteure
  • Bernard Lahire, Professeur de sociologie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon
  • Dominique Pasquier, Directrice de recherche au CNRS, rapporteure
  • Gwenaële Rot, Maître de conférences en sociologie HDR à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Présentation/Résumé de la thèse

Cette recherche se situe au carrefour de la sociologie du travail, de la sociologie de la culture et des médias. Elle montre dans quelle mesure le contenu narratif et le monde social décrits dans une série télévisée française, loin d'être uniquement la traduction standardisée des intentions et visées économiques des commanditaires, résultent également des conditions concrètes de travail et de coopération tout au long de la chaîne de production. Ce travail se fonde sur des observations dans les lieux de production, de scénarisation et de tournage de la série, sur une cinquantaine d' entretiens enregistrés,  sur une analyse du contenu de la série ainsi que sur de nombreux documents internes et articles de presse recueillis au fil de l'enquête. La thèse montre d'abord les contradictions à l’œuvre dans la chaîne de coopération entre des intervenants divers aux logiques professionnelles concurrentes, qui cherchent à se réapproprier les contraintes de production dans leur travail créatif. Ensuite, l’analyse des trajectoires des scénaristes porte l’attention sur ces professionnels très diplômés conduits à éprouver le décalage entre leurs dispositions esthétiques et l’œuvre fabriquée, qui pâtit d'une certaine illégitimité culturelle. Enfin, plutôt qu’une connaissance détaillée de leur public, ces professionnels, au capital culturel important, projettent leur propre image de la réception de la télévision dans leur écriture. Le travail de production d’une représentation du monde social à destination d’un large public conduit alors les intervenants impliqués à ressentir la contradiction entre leur volonté de représentation de la réalité sociale et leur image de ce que le public peut « accepter ».

Mots clés

Série télévisée, France, bien culturel de grande diffusion, industrie culturelle, trajectoires, division du travail