Soutenance de thèse d'Adèle Blazquez

Adèle Blazquez a soutenu sa thèse de doctorat intitulée :

"L'aube s'est levée sur un mort"
Anthropologie politique de la violence armée et de la culture du pavot à Badiraguato (Sinaloa, Mexique)

et préparée sous la co-direction avec Michel Naepels (DE-EHESS/DR-CNRS) et Yerko Castro Neira (Universidad Iberoamericana - Mexico, Ciencias Sociales y Políticas, Faculty Member),

le 16 octobre 2019, à l'EHESS, devant un jury composé de :

  • M. Yerko Castro Neira, professeur, Universidad Iberoamericana, Mexico (co-directeur de thèse)
  • Mme Elisabeth Claverie, directrice de recherche, Université Paris Nanterre
  • M. Claudio Lomnitz, professeur, Columbia University, New York (rapporteur)
  • Mme Birgit Müller, directrice de recherche, EHESS
  • M. Michel Naepels, directeur d'étude, EHESS (co-directeur de thèse)
  • Mme Valérie Robin Azevedo, professeure, Université Paris Descartes (rapporteure)

Résumé de la thèse

Dans une démarche d’anthropologie politique, cette thèse décrit l’expérience quotidienne des habitant.es de Badiraguato, une commune située dans l’État du Sinaloa (Nord-ouest du Mexique). Régulièrement présentée comme le « berceau du narcotrafic » et la base du « Cartel de Sinaloa », cette commune rurale et marginalisée est fortement affectée par la violence armée et son économie repose sur la production du pavot. À l’inverse de la focalisation commune sur l’État, les groupes armés et le narcotrafic, il s’agit de remettre ces acteurs et ces activités à leur juste place, dans ce qu’ils font au contexte social, pour qu’ils cessent d’être un déterminant préalable de sa lecture. À travers l’étude d’une configuration sociale située, l’articulation entre la stabilité de la politique institutionnelle et la violence armée apparaît constitutive de la condition de précarité dans laquelle les habitant.es sont pris.es. Ainsi, cette recherche tisse ensemble plusieurs dimensions : l’expérience quotidienne de la violence, les mises en sens dont font l’objet les actes violents et les rapports ambivalents de prédation, d’exploitation et de protection dans lesquels s’insèrent les pratiques de violence. Dans une approche pragmatique et matérialiste, chaque chapitre est organisé autour de logiques d’action, la description des situations permettant de dévoiler progressivement le contexte. La thèse suit l’expérience sociale des habitant.es à travers l’étude successive des déplacements, des sociabilités ordinaires, des modes de subsistance et d’accumulation, des conditions d’accès à la terre, des pratiques de prédation dans les rapports de genre, des homicides, de l’administration municipale et des tentatives entravées de transformer ce contexte. Elle s’appuie sur une ethnographie de 18 mois menée entre 2013 et 2016 dans le chef-lieu de la commune, les bureaux de la mairie et les hameaux d’habitations qui parsèment le territoire.