Soutenance de thèse de Martin Ruelle

Martin Ruelle a soutenu sa thèse de doctorat intitulée

Raconter la guerre des aînés. Constructions juvéniles de la mémoire de la guerre civile en Sierra Leone,

et préparée sous la co-direction de Michel Naepels et Emmanuel Saint-Fuscien, le 4 décembre 2023, à l’EHESS, devant un jury composé de :

  • Mariane FERME, University of California at Berkeley (rapporteure)
  • Mélanie JACQUEMIN, Université Toulouse Jean Jaurès. 
  • Michel NAEPELS (Directeur de thèse), École des Hautes Études en Sciences Sociales.
  • Alexandra OESER, Université de Paris Nanterre.
  • Manon PIGNOT, Université de Picardie Jules Verne (rapporteure) Emmanuel SAINT-FUSCIEN (Directeur de thèse), École des Hautes Études en Sciences Sociales.

Résumé de la thèse

La thèse a pour objet d’explorer la mémoire de la guerre civile sierra léonaise (1991-2002) chez la génération ayant grandi immédiatement après la fin du conflit. À partir d’un examen historique, on s’intéresse à la manière dont ces jeunes, dénués d’une expérience sensible de ce passé violent, construisent des récits, des discours et des représentations de la guerre. L’enquête, au caractère monographique, a lieu dans la ville de Zimmi, située non loin de la frontière libérienne, et dont la trajectoire singulière durant le conflit occupe un rôle structurant dans le champ mémoriel local. La mémoire est ici appréhendée comme une pratique sociale et invite donc à s’intéresser aux pratiques de transmission intergénérationnelles qui permettent à ces jeunes de développer leurs connaissances au sujet du conflit que seul leurs ainés ont connu. La thèse s’intéresse notamment au groupe familial qui, par sa proximité et sa légitimité, apparait comme le lieu premier de l’élaboration de la mémoire. Il s’agit également de comprendre les contraintes sociales plus larges qui pèsent sur la parole dans le cadre d’une période dite de mémoire vive qui n’a pas encore vu l’imposition d’un récit hégémonique et consensuel du passé violent. La question de la politisation de la mémoire de la guerre et des représentations de la violence fait également office de fil rouge de la thèse. Enfin, il s’agit également de mettre à jour les singularités des représentations juvéniles de la guerre qui se distingue en plusieurs points de celles développées par leurs ainés.