Soutenance de thèse de Raquel Rico Berrocal

Raquel Rico Berrocal a soutenu sa thèse de doctorat en sociologie intitulée

« En quête de soins en contexte de précarité. Suivis ethnographiques de femmes enceintes en Île-de-France »

et préparée sous la direction de Nicolas Dodier (EHESS) et d’Alain Cottereau (EHESS), devant un jury composé de :

⇒ M. Nicolas Dodier (Directeur de thèse), EHESS

⇒ M. Alain Cottereau (Co-Directeur), EHESS

⇒ Mme Julia del Amo Valero, Instituto de Salud Carlos III

⇒ Mme Michelle Kelly-Irving, INSERM

⇒ M. Emmanuel Langlois, Université de Bordeaux

⇒ M. Serge Paugam, EHESS

La soutenance s'est tenue le lundi 21 juin à 15 heures à l’EHESS, et exclusivement en visioconférence pour le public.

Résumé de la thèse

Cette thèse porte sur les processus à l’origine des inégalités sociales de santé, en particulier dans le domaine de la périnatalité. Elle approfondit l'étude des déterminants sociaux de l’accès aux soins des femmes enceintes, et cherche à mieux comprendre la nature précise des mécanismes qui entravent le suivi médical de grossesse. La thèse vise la mise en évidence, dans l’action, des moyens de ces femmes pour accomplir la prise en charge de leur grossesse, et de prendre de front la question de la précarité sans l’imposer en amont comme catégorie analytique. Sa méthode principale, le suivi ethnographique des femmes enceintes, a permis d’étudier de façon longitudinale les mises à l’épreuve d’une prise en charge qui se veut universelle, et de saisir les moments concrets de l’action où les conditions de vie de ces femmes ont modulé leurs parcours de soins. Elle s’appuie également sur des entretiens menés, eux aussi dans la région d’Île-de-France, avec des professionnel.les de la périnatalité et avec une soixantaine de femmes ayant participé à la cohorte épidémiologique PreCARE. Celle-ci a pour objectif principal d’étudier l’impact de la précarité maternelle sur la santé maternelle et périnatale.

La thèse analyse l’expérience des personnes enquêtées auprès des institutions, des guichets, et de leurs interactions, autant avec des soignant.e.s que d’autres interlocuteurs. L’analyse est ainsi centrée sur leurs manières d’agir et leurs capacités à s’ajuster à différentes situations associées à leur grossesse, en mobilisant leurs connaissances, compétences et expériences. La question de la précarité n’a pas été imposée a priori comme catégorie prédéfinie, mais elle s’est dessinée progressivement au fil de l’enquête, comme composante déterminante dans les configurations complexes de situations auxquelles devaient faire face les femmes enceintes. La thèse donne à voir l’éloignement des usagères à l’égard des institutions, leurs attentes non comblées et leur perte de chances dans leur suivi médical, par suite de démarches inabouties ou d’absence de proposition de choix. Ne pas se voir proposer de choix a limité leur marge de manœuvre, et pour agir en général. Il s’agit d’une dimension transversale, qui ne peut pas être détachée du caractère déterminant des conditions dans lesquelles les informations sont données aux femmes. En définitive, la distribution sociale du savoir et la restriction de choix et d’action se sont avérés deux aspects essentiels qui viennent définir la place de la précarité dans l’acte de soin, non seulement dans le cadre de la prise en charge périnatale, mais aussi dans les soins de santé en général.

Mots clés: Ethnographie, inégalités sociales de santé, santé périnatale, précarité, grossesse, accès aux soins, périnatalité, migration, discrimination, relation d’enquête, santé maternelle.