Soutenance d’Olivier Gaudin

Thèse pour l’obtention du doctorat en études politiques,

Configurations urbaines. Enquête sur la perception des espaces urbains

par Olivier Gaudin le 5 décembre 2016, à 14h, salle 015 (rez-de-chaussée), bâtiment ‘Le France’, 190-198 Avenue de France 75013 Paris,

Le jury est composé de :

  • Mme Barbara Carnevali, Maîtresse de conférences à l’EHESS,
  • M. Daniel Cefaï, Directeur d’études à l’EHESS ; directeur de la thèse,
  • M. Claude Gautier, Professeur à l’École normale supérieure de Lyon ; rapporteur,
  • M. Sébastien Marot, Maître-assistant à l’École d’architecture, de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée,
  • M. Patrick Savidan, Professeur à l’Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne ; co-directeur de la thèse,
  • M. Jean-Paul Thibaud, Directeur de recherche au CNRS ; rapporteur,
  • M. Stéphane Tonnelat, Chargé de recherche au CNRS.

Résumé

Ce travail porte sur les expériences sensibles en milieu urbain. Les approches philosophiques de la perception peuvent-elles aider à décrire les expériences de la ville ? La philosophie peut-elle, d’autre part, favoriser une meilleure coopération des disciplines urbaines à ce sujet ? À partir d’un corpus de travaux et d’enquêtes menés en France et aux États-Unis, l’étude examine les fondements d’une écologie urbaine de l’expérience sensible. En prenant appui sur les analyses pragmatistes, phénoménologiques et psychologiques de la perception, je propose quatre concepts pour décrire les expériences urbaines. Un usage sélectif et critique de l’écologie humaine des années 1920 interroge le milieu perceptif, notion qui associe le regard ethnographique et les travaux sur l’environnement perçu. Les milieux urbains sont eux-mêmes configurés par des schématisations perceptives spécifiques : la formation des habitudes des citadins procède de catégorisations et de synthèses qui organisent leurs expériences en situation. Ces habitudes, au sens où les entendaient Mead ou Dewey, mettent en œuvre des évaluations, inhérentes aux engagements corporels dans les situations, que l’on qualifiera de perceptions normatives. Enfin, l’étude examine le caractère perspectiviste des expériences en public, trait constitutif de « l’ordre de l’interaction » des milieux urbains. Elle en interroge la possible portée politique. Tout au long de la thèse, ces quatre notions sont discutées du point de vue d’une philosophie pragmatiste des sciences sociales et confrontées à des travaux d’études urbaines (sociologie, anthropologie, géographie) mais aussi à certaines descriptions et démarches artistiques (littérature, photographie, cinéma), à la théorie de l’architecture, ainsi qu’à l’histoire du paysage et de l’urbanisme.

Abstract

The thesis focuses on sensory experiences within urban environments. Can philosophical approaches of perception help to describe urban experiences? Can philosophy foster a better cooperation between urban disciplines on this specific issue? Scrutinizing a selective body of texts inurban research and fieldwork, mostly conducted in France and the United States, the study investigates the theoretical grounds of an urban ecology of sensory experience. Building on pragmatist, phenomenological and psychological approaches of perception, I propose four concepts to describe urban experiences. Through a selective and critical use of 1920s’ tradition of human ecology, I scrutinize the perceptual environment. Urban environments are configured by specific perceptual schematizations: the forming process of city-dwellers’ habits comes stems from categorizing and syntheses which organize their experience within situations. These habits, understood in Mead or Dewey’s sense, include some evaluations, encapsulated within bodily engagement into situations, which one can qualify as normative perceptions. Finally, the study examines the perspectivist nature of experiences in public, a constitutive feature of urban environments’ “interaction order”. It investigates its possible political meaning. All along the thesis, I discuss these four notions from the point of view of a pragmatist philosophy of social sciences, and confront them to works in urban studies (sociology, anthropology, geography) as well as some artistic descriptions (literature, photography, film), architectural theory, and history of landscape and urban planning.