Amina Damerdji

nzvan.qnzreqwv@rurff.serf.ssehe@ijdremad.anima

Membre associéeCentre d'étude des mouvements sociaux

Titre de la recherche

“Le procès de Paris” :
la réception française des best-sellers xénophobes d’Oriana Fallaci

Présentation de la recherche

Amina Damerdji a soutenu sa thèse en octobre 2018. Sa recherche doctorale a porté sur les poètes officiels de la Révolution cubaine passés, dans les années 1990, à la dissidence et à l’exil. Sa méthode de travail est à la croisée de la littérature et des sciences sociales : elle consiste à croiser des analyses textuelles littéraires avec un travail en archives – éditoriales et fonds privés des auteurs – ainsi que la réalisation d’entretiens.

C’est avec ces outils qu’elle analyse actuellement la réception française des best-sellers xénophobes de la journaliste et écrivaine Oriana Fallaci publiés au début des années 2000. Elle a été, pour ce projet, lauréate de la bourse de recherche contre l’antisémitisme et la xénophobie de la Mairie de Paris.

Ce projet pourrait se résumer de la façon suivante :

Il s’agit d’interroger la spécificité de la réception française de la « trilogie sur l’islam et sur l’Occident » d’Oriana Fallaci, trois essais publiés entre 2001 et 2005 en Italie. Best-sellers en Italie et en Espagne – où La Rage et l’orgueil, le premier volet, atteignait le sixième rang des ventes de non-fiction une semaine après sa parution – leur diffusion a rencontré, semble-t-il, plus d’obstacles en France, tant de la part du monde éditorial que de celle du milieu associatif et militant. En effet, en dépit de son succès marchand international, les grandes maisons d’édition françaises ont manifesté des réticences à l’égard de La Rage et l’orgueil. L’ouvrage paraissait finalement le 23 mai 2002 aux éditions Plon. Mais deux semaines plus tard, en juin 2002, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) assignaient Oriana Fallaci et les éditions Plon au Tribunal de Grande Instance de Paris pour « provocation à la haine raciale ». Si, en raison d’un vice de procédure, le procès n’a finalement pas abouti, il a eu un écho important dans les médias et sous la plume de l’écrivaine en colère qui a néanmoins pâti du procès : les éditions Plon refusèrent de publier les deux volets suivants de la trilogie. Ils parurent hors de l’espace éditorial français, à Monaco, aux éditions du Rocher.

En m’appuyant sur l’analyse des œuvres et sur un travail d’archives (dans les grandes maisons d’édition parisiennes, dans celles du Tribunal de Grande Instance de Paris) et d’entretiens (avec les avocats et les acteurs principaux de la LICRA, de la LDHet du MRAP), je souhaite interroger cette spécificité de la réception française en développant trois pistes. La première consistera à mettre à jour la nature des réticences des grandes maisons d’édition parisiennes ; la seconde à reconstituer les modes de mobilisation de la LICRA, de la LDH et du MRAP ; la troisième à analyser le processus judiciaire en l’inscrivant dans la tradition des procès d’écrivains.

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