Présentation du CEMS

Présentation générale

Depuis sa fondation en 1967, à la suite de l’ancien Centre de sociologie industrielle, le CEMS s’est distingué comme un laboratoire où ont été menées des enquêtes sur l’espace public et son articulation à la sphère privée, les mouvements sociaux, urbains et religieux, et la formation de problèmes publics, les métamorphoses de la question sociale et du capitalisme en France et en Europe ou les “transitions démocratiques” en Amérique du Sud et en Europe de l’Est. Tout en maintenant cet héritage vivant, le CEMS se caractérise par son expertise en sociologie de la démocratie, entendue moins comme système de gouvernement, de lois et institutions que forme de vie collective. La démocratie est un mode d’expérience civile, civique et citoyenne. C’est un régime politique (État de droit, libertés publiques et privées, séparation et équilibre des pouvoirs, droits de l’homme et du citoyen…). Mais c’est tout autant un mode de vie que l’on peut décrire jusque dans ses manifestations infinitésimales dans l’ordre des interactions privées ou publiques. C’est un monde turbulent fait de doutes, d’enquêtes, de problématisations, d’expérimentations, de protestations en tout genre – on pourra le qualifier de société des mobilisations collectives et des problèmes publics. Et c’est un monde inventif, dont les critiques, les dénonciations et les revendications ne cessent de nourrir des institutions qui tentent de créer, réguler, normer et protéger des biens publics.

Aujourd’hui, le CEMS occupe une place originale dans le paysage des sciences sociales et politiques tant par sa focalisation sur la thématique de la démocratie que par les façons qu’il a développées pour enquêter sur elle, la décrire et l’analyser. Il l’aborde sous de nombreux aspects, déployant des enquêtes sur des mobilisations collectives, en phase avec le concept de “mouvements sociaux” qui a donné son nom au laboratoire, et développant de nouvelles perspectives, distinctes de celles qui prévalent dans la recherche francophone et internationale.

Historique et situation actuelle

Le CEMS a été créé en 1967, comme centre CNRS-EHESS.

Depuis sa création, par Alain Touraine, le CEMS s’est affirmé comme un des principaux lieux d’élaboration des outils conceptuels, théoriques et méthodologiques de l’analyse sociologique en France. Sous la direction de son fondateur, il s’est donné pour tâche de saisir les mouvements sociaux à partir de l’activité politique déployée par les acteurs et les instances politiques identifiées (syndicats, partis, puis mouvements post-68: femmes, minorités, immigrés, etc.). Dans une seconde période, et après le départ d’A. Touraine et la création du CADIS, les recherches du CEMS se sont écartées de cette démarche et ont essayé de rendre compte des dynamiques infra-institutionnelles et infra-étatiques qui relèvent du changement social, en montrant comment les formes d’engagement et les attentes et revendications exprimées par les citoyens se modifiaient de façon largement souterraine et un peu à l’écart des manifestations publiques de l’action politique. C’est en suivant cette orientation que le CEMS a participé activement, depuis le début des années 1980, aux processus d’innovation qui ont dessiné des perspectives nouvelles pour l’enquête sociologique, y ouvrant de nouveaux chantiers, introduisant de nouvelles problématiques (celle de l’“espace public”, des “expériences limites”, de l’effritement de la société salariale ou du “genre”, par exemple), expérimentant des méthodes dont la validité s’est ensuite imposée dans la discipline (anthropologie morale, ethnographie du politique, ethnométhodologie, pragmatique de l’action collective, théorie des arènes publiques, sociologie des sciences et des techniques, sociologie des médias et de la réception, analyse conversationnelle, construction des problèmes publics).

De 2006 à 2018, le laboratoire a fait partie d’un ensemble plus large l’Institut Marcel Mauss (IMM), une UMR CNRS-EHESS organisée en fédération de centres de sociologie à vocation généraliste. L’IMM, créé en 2006 par le CEMS, le GSPM (Groupe de Sociologie Politique et Morale) et le CESTA (Centre de Sociologie du Travail et des Arts), a été reconfiguré en 2009 (départ du CESTA, arrivée du CENJ (Centre d’Études des Normes Juridiques) et du LIAS (Linguistique Anthropologique et Sociolinguistique)), puis à nouveau en 2014 (création dans l’IMM du LIER (Laboratoire Interdisciplinaire d’Études des Réflexivités) et disparition du GSPM). À l’issue du troisième contrat de l’IMM, les équipes le composant ont demandé à se séparer pour créer deux nouvelles unités de recherche, le CEMS d’un côté, qui retrouvait ainsi son autonomie, et le LIER-FYT (Fonds Yann Thomas) de l’autre côté.

Le CEMS a donc été recréé comme unité autonome au 1er janvier 2019 sous la forme d’une FRE autour d’un projet intitulé “En quête de démocratie”. Cette création s’est faite au moment de la disparition du CADIS, dont le CEMS a accueilli une partie des membres. Une Équipe de Recherche Labellisée INSERM, dirigée par Janine Barbot (U1276), en lien avec l’axe 4 du laboratoire (“Risques, Violences et Réparation”) a été créée au sein du CEMS au même moment.

Depuis le 1er janvier 2021, le CEMS est l'UMR 8044.


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